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Un savant aveugle

Noam Chomsky, père de la grammaire générative
Comment comprendre l'expression "un savant aveugle" ?

Lorsque j'accentue la liaison entre savant et aveugle, il s'agit d'un aveugle qui est savant. Si je ne fais pas la liaison, on pensera plutôt à un savant qui est aveugle. Cet exemple, tiré d'un article de Pierre Perruchet dans le numéro spécial de "La Recherche" consacré à la mémoire (février 2006), pourrait être traduit par la règle de grammaire suivante, règle qui pourrait être acceptée par la majorité d'entre nous, et qui est intégrée dans "Le Bon Usage, Grammaire française" (André Goosse, 1993) :

"La liaison ne se fait jamais après la consonne finale d'un nom au singulier"

Or, cette règle n'est généralement jamais apprise dans le écoles. D'où vient alors qu'elle est couramment mise en oeuvre par le locuteur français ?

Pour Noam Chomsky et ses héritiers, l'expérience est trop pauvre pour faire émerger des règles à partir d'exemples et cette règle est liée à la capacité innée du cerveau pour le langage.

Pour des contradicteurs de cette approche, la règle est bien abstraite de la répétition de phrases entendues par l'enfant lorsqu'il met en place son langage. Pour montrer cette possibilité d'abstraction, ils ont monté des expériences tendant à prouver que l'on peut bien synthétiser des règles à partir de l'expérience.

Paradoxalement, c'est en voulant remettre en cause ces expériences que l'on est arrivé à une troisième hypothèse qui semble devoir renverser définitivement l'approche chomskienne.



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